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Psychologie

Rester près, même loin

27 septembre 2007

Stéphanie Lalanne

En juin dernier, radieux, Nathalie et Philippe avaient hâte d'annoncer à l'autre la bonne nouvelle : leur acceptation à l'université, dans leur 1er choix. Le hic : Nathalie était admise à Québec et Philippe à Sherbrooke. Ils se connaissent depuis six mois et leurs familles sont de Montréal. Leur joie faisait place à la déception. Que faire? Leur avenir professionnel est important, mais comment allaient-ils vivre l'éloignement? Comment leur couple, assez récent, allait-il tenir?

Rachel et Julien vivent ensemble à Sherbrooke depuis deux ans. Ils partagent les mêmes intérêts, se parlent beaucoup, ont de bons amis, se connaissent bien et ont des projets d'avenir. C'est un couple stable. N'empêche que leur retour aux études, dans deux villes différentes, Sherbrooke et Montréal, pendant trois ou quatre ans, ne les enchante pas, loin de là.

Depuis septembre 2006, Hubert est chargé de cours à l'UdeS. Chaque lundi matin, aux aurores, il quitte sa compagne, Jeanne, et leurs deux jeunes enfants, qui continuent leur vie à Lac-Mégantic. La famille se retrouve le jeudi soir : les enfants sont déjà en pyjama et attendent papa qui, malgré sa fatigue, leur raconte une histoire avant le dodo. Puis, vient le temps du couple… Le week-end, les quatre font provision de moments de joie, de bisous, de câlins, à travers les diverses activités et la planification de la future semaine.

La distance est une épreuve

Le manque, l'ennui, la solitude. Le choc a été dur pour Philippe lorsqu'il est déménagé à Sherbrooke, lui qui a toujours été entouré de ses amis, de sa famille, de son amoureuse. Et retrouver Nathalie à Québec un week-end sur deux, dans un appartement avec deux autres colocs, c'est pas évident.

Julien et Rachel aimaient partager leur quotidien. Être séparés leur est très pénible. Heureusement, la motivation d'apprendre ce qui les passionne depuis longtemps, de se préparer professionnellement et de construire une vie meilleure les encourage à tenir bon.

Chacun sait que la distance met la relation à l'épreuve. On se demande d'abord comment garder le contact et rester en lien. Une fois passée l'excitation des premières retrouvailles, on peut être déçu : l'autre nous apparaît changé, moins enthousiaste, plus ordinaire. On souffre aussi de la séparation, surtout à répétition; au début, on a du courage, puis la tristesse monte. Il arrive même que l'attente, si elle n'est pas nourrie, tue la confiance. L'usure peut provoquer des disputes où l'on ne se reconnaît pas.

Oui, la distance est une épreuve : le déchirement peut être douloureux. Mais elle peut aussi être une expérience intéressante : elle permet de se retrouver avec soi-même et d'évaluer, à tous les niveaux, la profondeur de nos sentiments. Apprendre à se séparer sans s'effondrer.

La non-distance intérieure

La semaine dernière, un soir où sa femme lui manquait terriblement, Hubert a écrit à Jeanne : «Ma chérie, restons branchés. L'essentiel, c'est de s'aimer très fort. C'est vital. Que l'amour coule dans nos veines. Sur la route, il peut y avoir des mirages. Le plus important, c'est la confiance. À l'intérieur de moi, il n'y a pas de distance.»

L'amour réciproque, ressenti, nourri, donne une force incroyable. Et puis, quand on aime, l'imagination est fertile; éviter la routine, étonner : une lettre d'amour par la poste, des petits messages coquins à un moment inattendu, un petit cadeau qui montrera à la personne chère qu'elle est toujours présente dans vos pensées et dans votre cœur.

Des découvertes

Sans Philippe, après un moment d'adaptation, Nathalie a eu envie d'aller davantage vers les autres, s'est découvert de nouveaux talents, a élargi son réseau amical. De son côté, Philippe s'est investi à fond dans une troupe de théâtre, sans conflit d'horaire avec Nathalie. Il s'y est épanoui. Leur avenir, quel qu'il soit, n'en sera que plus riche, y compris dans le grand voyage de la vie à deux. Même s'ils venaient à se quitter, leurs souvenirs les plus précieux resteraient intacts dans leur mémoire et dans leur cœur.

Aussi souvent qu'ils le peuvent, Rachel et Julien se retrouvent avec grand bonheur. Ils profitent de chaque minute ensemble, se racontent ce qu'ils apprennent, s'encouragent dans leurs travaux. Ils ont plaisir à explorer de nouvelles avenues et à les partager avec leurs amis autour d'un bon repas. Leur vie s'enrichit.

En bavardant avec ses collègues, Hubert a entendu parler d'une petite maison, coquette et à prix abordable, à dix minutes de l'Université. Il est allé la visiter. La famille y serait très bien. L'école primaire est toute proche, les services sont à deux pas. Notre romantique a fait ses calculs, a pris rendez-vous pour retourner visiter la maison avec Jeanne. Un coup de cœur! Ils en ont parlé aux enfants. Excitation générale! À Noël, ils seront dans leur nouveau nid d'amour. Ensemble, chaque soir. Elle est pas belle, mon histoire?

En collaboration avec le Service de psychologie et d'orientation.